Philosophie du blues, une éthique de l’errance solitaire. Libérés en 1865 à la fin de la guerre de Sécession, quatre millions d’esclaves noirs américains entrèrent en fait pour un siècle dans la longue nuit de la ségrégation raciale. Les musiciens vagabonds furent les premiers à refuser le nouvel ordre et se jetèrent au hasard sur les routes, guitare à la main, chantant leurs joies et leurs peines, de ferme en ferme et de ville en ville, montrant l’exemple d’une vie libre et aventureuse.
De cette errance solitaire ils firent une règle qui structura l’ensemble de leur comportement. Peu à peu, le blues, simple littérature chantée d’une communauté opprimée, devint une philosophie de la vie en liberté, une éthique du choix personnel que la musique rock répandit sur toute la planète.
Ce livre étudie, à travers les textes de plus d’une centaine de chansons de blues, mais en examinant aussi la pratique musicale des grands créateurs et leur vie même, les raisons pour lesquelles l’errance solitaire est devenue l’éthique de la modernité.
Une discographie proposée en annexe présente la lignée de chacun des morceaux cités dans le corps de l’ouvrage, du premier 78 tours aux interprétations les plus récentes. Ainsi le lecteur pourra approfondir sa connaissance du blues à toutes les époques et en apprécier encore mieux les beautés et la richesse.