Artistes et mouvement des droits civiques (1/4) sur RFI
Dossier thématiqueExtrait du site www.rfi.fr
Il y a 50 ans, un homme d’église originaire d’Atlanta en Georgie, prononçait un discours devenu légendaire. Ce fameux prêche, « I Have A Dream », fut le point d’orgue d’une lutte acharnée de la communauté noire pour obtenir l’égalité sociale et raciale au cœur des années 60. Le porte-parole de cette fronde populaire massive s’appelait Martin Luther King.
Le 28 août 1963, il mettait en garde l’administration blanche contre toute tentative de répression ou d’oppression en délivrant un message d’unité, de fraternité, et de liberté. Ce jour-là, à Washington, un chapitre déterminant du peuple noir allait susciter espoir et courage à des millions d’hommes et de femmes humiliés, martyrisés, bâillonnés depuis quatre siècles, car le mouvement des droits civiques prend sa source en 1619 lorsque les premiers esclaves africains débarquent contre leur gré sur les côtes de Virginie.
Au-delà du drame humain que représente la traite négrière, la rencontre de deux cultures, africaine et européenne, sur le continent américain, va provoquer la naissance d’une forme d’expression qui va façonner « l’Epopée des musiques noires ». Il n’existe évidemment aucun enregistrement des premiers chants d’esclaves au XVIIème siècle, mais on peut légitimement considérer que très tôt l’influence culturelle des colons européens a transformé l’âme africaine pour lui donner une musicalité plus acceptable, et ainsi, élever un art jugé primitif en lui accordant un sens religieux que les Blancs pouvaient comprendre et contrôler.
Si les Negro-Spirituals et le Gospel ont accompagné la cruelle destinée des Noirs aux États-Unis, une autre émanation de cette tragédie quotidienne a vu le jour à la fin du XIXème siècle, c’est le Blues. Il n’était pas rare que les ouailles des églises baptistes viennent s’encanailler dans les « Juke Joints », ces bicoques délabrées où des musiciens amateurs déversaient leur frustration et leur colère dans des ritournelles sombres et désabusées. Le Blues fut et reste la bande son du désespoir, la matrice de toutes les musiques afro-américaines.
L’esclavage, tragédie humaine effroyable, a finalement provoqué la naissance d’une multitude d’engagements artistiques qui ont porté le discours de Martin Luther King jusqu’à Washington.