Le blues, des campagnes aux grandes villes
Itinéraires chronologiquesDès l’époque de l’esclavage, il y a un mouvement de migration des Noirs vers les Etats du Nord non esclavagistes puis, après 1875, non ségrégationnistes. Il s’agit d’abord des trains de l’évasion (freedom trains) organisés par les mouvements anti-esclavagistes. Ce qui explique l’existence d’une population noire déjà forte dans les grandes villes du Nord au XIXème siècle.
Avec la mise en place de la ségrégation raciale, la vie très dure de la métairie – par bien des côtés pire que l’esclavage – et enfin par la crise du coton entre les deux guerres, la migration des Noirs vers le Nord, à la recherche d’une vie meilleure, devient régulière et s’accélère jusqu’à devenir massive durant la Deuxième Guerre Mondiale quand l’industrie de guerre a un besoin urgent de main d’œuvre.
Chaque ville le long des voies ferrées qui relient le Sud Profond aux cités industrielles du Nord se peuple de Noirs qui ont leurs quartiers (bientôt appelés ghettos) avec des bars où on joue, parmi d’autres musiques déjà en place, des blues amenés par les migrants.
Memphis, premier centre urbain du Sud, comprend le quartier de Beale Street où s’alignent des cabarets qui ne “ferment qu’au premier meurtre”. Le blues venu du Mississippi s’y marie avec la musique des orchestres à jarres (jug bands)(Memphis Jug band, Cannon’s Jug Stompers)
Plus au Nord, Saint Louis développe au sein de son ghetto, The Valley, un blues original souvent très sombre fait de duos de piano, l’instrument urbain par excellence, avec la guitare, apportée par les migrants sudistes. (Walter Davis, Peetie Wheatstraw, Henry Townsend).
Enfin, au bout de la ligne, Chicago, parée de toutes les vertus (on y dit qu’y poussent des arbres à dollars!) devient le lieu de naissance d’un blues urbain orchestral, le Bluebird Blues du nom du principal label qui diffuse cette musique, très influencé par le jazz qui aura toutes les faveurs du public noir des années 1930 (Big Bill Broonzy, Tampa Red, Washboard Sam, Harlem Hamfats, Jazz Gillum, Memphis Minnie, John Lee “Sonny Boy” Williamson).
Texte : Gérard Herzhaft / Blues sur Seine / Conseil Général des Yvelines.
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